Péninsule du Snæfellsnes |
Bonjour !! |
Comme vous le voyez, on est bien emmitouflés dans notre petite tente ! On en reparlera dans la rubrique "Infos pratiques" prévue à la fin de ce blog mais on peut déjà vous dire qu'on est très contents de notre équipement. La tente de rando se monte hyper vite. Noémie a d'ailleurs remporté haut la main le concours de la "sardine de bronze" organisé par Loïc, qui comptait notamment l'épreuve du montage et démontage de la tente en un temps limité. A l'intérieur, on a bien la place pour dormir et pour mettre ses affaires du lendemain. Derrière nos têtes, nos bouquins (Anges et démons de Dan Brown pour Loïc, L'énigme des Blancs-Manteaux de Jean-François Parot pour Noémie). On dort dans des sleepin'bed, c'est-à-dire des sacs de couchage qui sont zippés à un matelas auto-gonflant. Ils ont une double-couette (une bleue + une marron), la marron étant amovible en fonction de la température (vous ne serez pas surpris d'apprendre qu'on ne l'a jamais ôtée !). Autre avantage des sleepin'bed : ils se zippent entre eux, formant un lit pour deux personnes.
Après le petit-déjeuner, nous partons nous balader dans Stykkishólmur. Cette petite ville est très agréable. Le port en est la zone névralgique. La pêche est bien entendu omniprésente mais c'est la présence du ferry pour les fjords de l'Ouest qui dynamise le plus le lieu (quand on regarde la route qu'on a faite la veille, on comprend aisément pourquoi le ferry est apprécié...). Les entrepôts et les maisons en bois qui entourent ce port naturel confèrent à cette ville un charme nordique comme on les apprécie. Nous accèdons à un promontoire de basalte nommé Súgandisey où se trouve un phare. De là, nous contemplons la ville.
Quelques kilomètres après Stykkishólmur, la montagne du Helgafell nous plonge dans l'Islande des Sagas. Dans l'imaginaire collectif, l'Islande est toujours associée aux Vikings, ces barbares assoiffés de sang et de conquête... Pendant notre voyage, nous ne découvrirons que peu de traces de ce peuple fascinant et pourtant, à chaque fois, ces lieux stimuleront notre imagination. En Suède, sur l'île de Birka, Noémie avait déjà constaté que l'image du Viking "méchant" était un lieu commun qu'il fallait dépasser. La richesse culturelle et le développement économique de cette civilisation au Moyen-Âge méritent d'être mieux connus. On y apprendrait alors que les Vikings ne sont pas que des conquérants : il s'agit avant tout d'un peuple de marchands. On y apprendrait également que leur panthéon et leur mythologie n'ont rien à envier aux légendes grecques et romaines. Surtout, le fait le plus notable que nous ayons remarqué en Islande est que les Islandais d'aujourd'hui sont les plus proches, génétiquement et traditionnellement parlant, de leurs ancêtres. En effet, grâce à deux livres écrits au XIIe siècle, le Landnámabók (Livre de la Colonisation) et l'Íslendingabók (Livre des Islandais), les Islandais peuvent remonter leur généalogie jusqu'au IXe siècle !! De plus, sachez que n'importe quel Islandais peut lire ces livres dans le texte, leur langue n'ayant que très peu évoluée depuis cette époque. Tout cela est fascinant !
Nous décidons de nous plier à la croyance locale qui nous permettra d'exaucer trois vœux... Un petit périple nous attend :
- étape 1 : trouver la tombe de Guðrún Ósvífursdóttir, l'héroïne de la Saga des Gens du Val-au-Saumon. Elle y repose depuis le XIIe siècle.
La tombe et le petit sentier |
- étape 2 : grimper le sentier qui mène à la montagne du Helgafell (qui n'a de montagne que le nom puisqu'elle ne fait que 73 m !). Il ne faut surtout pas se retourner et parler ! En haut, se trouvent les ruines de la chapelle de Tótt, bâtie au Xe siècle par un fermier converti au christianisme.
- étape 3 : se tourner vers l'Est pour formuler pieusement ses vœux...
Les ruines de la chapelle |
A l'est |
A l'est |
Au delà de la petite anecdote ludique, ce lieu est intéressant car il a été pour nous l'occasion d'en apprendre plus sur les croyances anciennes des Islandais en lisant quelques résumés de Sagas célèbres. Avant d'être un lieu destiné au culte chrétien, cette colline était en effet un important site vénéré par les fidèles du célèbre dieu Þór (plus connu sous le nom de Thor, le plus puissant dieu du panthéon nordique).
Vous l'avez constaté, jusque là, on n'a pas vraiment eu l'occasion de rencontrer des Islandais et d'échanger avec eux. A part le peintre de Seyðisfjörður qui, même s'il ne parlait pas un mot d'anglais, a su partager avec nous sa passion, nous n'avons eu à faire qu'au personnel des campings et des supermarchés. Nous aurions aimé discuter plus avec les Islandais mais il suffit de voir nos photos pour s'apercevoir que nous avons visité des régions où la densité de population est très faible. Les sites naturels ont donc naturellement pris le dessus dans notre séjour. Mais en arrivant dans le Sud-Ouest du pays, on entre dans la région la plus peuplée de l'Islande et, vous le remarquerez dans les prochains jours, nous allons avoir plus d'échanges avec les "autochtones".
Aujourd'hui, nous allons pour la première fois passer du temps avec une famille qui va nous présenter son activité originale et inattendue : la pêche au requin du Groenland et la fabrication d'un met rare et apprécié en Islande, la chair de requin faisandée ! Lorsque nous arrivons dans la ferme de Hildibrandur Bjarnason, à Bjarnarhöfn, on est un peu dubitatifs face à la salle qui nous entoure. On a le sentiment d'être dans un cabinet de curiosité du XVIIIe siècle mis à la sauce islandaise ! Nous flânons entre les différents objets anciens glanés ça et là par le propriétaire des lieux. Les "vestiges" marins nous attirent particulièrement : mâchoires et peaux de requins, œufs de requins conservés dans le formol, phoques empaillés (snif ! C'était dur de voir un Bibi Phoque mort !) etc.
Allo ?! |
Un couple d'Italiens déambule avec nous dans ce hangar lorsque le fils du vieux monsieur qui nous a accueilli vient nous présenter leur métier. Ils pêchent le requin du Groenland depuis 400 ans ! Quand on vous disait que les Islandais étaient calés en généalogie, on ne vous mentait pas ! Il nous parle de l'animal, de son mode de vie, de sa nourriture, de sa reproduction... Il nous montre également des photos de retour de pêche et nous sommes impressionnés devant ces bêtes qui peuvent mesurer jusqu'à cinq mètres !
La chair de requin du Groenland ne peut pas se manger tel quel. En effet, le requin n'évacue pas naturellement son urine et celle-ci se concentre dans ses chairs qui deviennent alors toxiques, du fait de la présence d'acide urique. Pour pouvoir consommer la chair de ce requin, les Islandais ont mis au point une technique qui repose avant tout sur la patience. Il faut en effet laisser reposer les morceaux pendant quatre mois dans un bac en bois recouvert de gros galets. Puis, ces morceaux sont suspendus pendant six autres mois dans un séchoir à l'air libre. La chair de requin faisandée est donc un produit luxueux en Islande, qui est principalement consommé pendant les fêtes de fin d'année.
Pour les diététiciennes... ;-) |
Après avoir écouté avec attention ces explications, arrive l'heure de la dégustation ! On est très très curieux de goûter !! La chair de requin est blanche, on dirait un Apericube... La texture est spongieuse et le goût pas si inconnu que cela : on dirait un vieux camembert oublié pendant des semaines dans un placard !!! La dame italienne, n'osant pas goûter, nous dit que nous sommes bien courageux de tenter l'expérience... Ce à quoi nous lui répondons qu'en bons Français amateurs de fromages, nous ne sommes pas trop dépaysés !
A l'extérieur de la ferme, nous allons voir les séchoirs. L'odeur est pestilentielle ! Nous aurons quand même le courage de rester quelques minutes pour faire des photos !
Cette famille de pêcheurs pratique l'agriculture en activité complémentaire et, au milieu des poules et des canards, nous faisons connaissance avec nos premiers chevaux islandais, une race renommée pour sa docilité. Ils sont adorables !
Nous poursuivons ensuite notre route en direction de la pointe de la péninsule et nous déjeunons sur le port d'Helissandur. Une famille du village s'apprête à aller se balader en mer mais le moteur de leur bateau tombe en panne, générant un énorme nuage de fumée ! Nous assistons, compatissants, à leur déconvenue tandis qu'arrive un policier dans une voiture digne d'une série télé américaine !
Pour digérer, nous allons nous balader sur la plage de sable noir de Skarðsvík. Sur notre carte, un parasol est dessiné dessus. Mais qui est assez fou pour se baigner dans cette mer glacée ?!!!!! La plage est située dans un environnement où le volcanisme a laissé de nombreuses traces. Elle est en effet entourée de coulées de lave. Une tombe viking y a été retrouvée par les archéologues.
Autre séchoir à chair de requin |
Pour terminer la journée, une petite randonnée au sein des coulées de lave s'impose ! Nous marchons quelques petites heures dans ce paysage lunaire, qui nous fait penser à notre journée aux îles Vestmann. La végétation reprend peu à peu ses droits sur la lave... Plusieurs cratères sont accessibles et nous sommes fascinés par la vision de la cheminée de l'un d'entre eux. Et dire qu'il y a quelques centaines d'années de la lave en fusion en jaillissait ! Nous escaladons un autre cratère, le Vatnsborg, plus imposant. En haut, une cuvette s'est formée. Elle est tapissée de mousse confortable. Peut-on imaginer un endroit plus calme et plus original pour faire une petite sieste ?!
Le soir, nous plantons la tente dans le camping d'Ólafsvík. Le terrain est grand et peu occupé, nous y serons donc au calme pour la nuit !
C'est meilleur que le requin de tout à l'heure ! |
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